Identité

Inutile entité, diaphane, effacée,
Distante, dissolue, hideuse et dispersée ;
Entité titubante et presque déficiente,
Nais-tu ou le nies-tu, disloquée, dissonante ?

Chute

J’ai laissé mon cœur aux cris de ton absence
Percutant le chaos de ton cruel silence
J’ai laissé mon âme vidée de son essence
Et offert à tes yeux ma douce déchéance

Amort

Amour, glisse-toi au creux de mes sens.
Magnifie mon corps de mille caresses
Osmotiques, au point de l’indécence.
Unifie nos cœurs, offre-moi l’ivresse.

La tisseuse

Aussi fugace que le son du vent qui bruisse,
Comme celui d’un drap de soie qui se soulève,
Je suis la tisseuse qui lentement se glisse
Au sein des songes fous, quand la lune se lève.

Résonnance

Comme le clavecin dont les notes resteraient
Coincées contre son corps, caressé, percuté
Par les cruelles mains du claviériste porté
Uniquement par le cœur, destructeur, de l’ivraie.

L’épave (IV)

Accrochée à la coque, aux échardes brisées,
D’un bateau échoué aux marées et aux vents,
Une carte marquée, flottant à l’Alizé,
Soulevant avec peine les tissus survivants.

L’épave (III)

Dupé entre deux vents de pôles opposés,
Le bateau se débat dans la sombre tempête,
Alors que la coque, salie, ecchymosée
Se piège au sein d’un maelström-oubliette.

L’épave (II)

Capitaine d’une carcasse désormais
En corps à corps avec une mer déchainée,
Capitaine perdu d’un esquif enchainé
dont les planches tendues se craquent, désarmées.

L’épave (I)

Un ciel sombre et funeste aux nuages gorgés
D’une pluie maussade, acide et désastreuse,
S’abat, triste mais fier, sur la mer enragée
Dont le fort fracas chante une folle berceuse.