L’épave (III)

Dupé entre deux vents de pôles opposés,
Le bateau se débat dans la sombre tempête,
Alors que la coque, salie, ecchymosée
Se piège au sein d’un maelström-oubliette.

Et le bois froid craque, disloquant les vagues,
Criant, agonisant, priant pour l’accalmie,
Tanguant, virant, ivre, parmi les longues dagues
Que les eaux lui offre jusqu’à l’anoxémie.

Puis, brisé et échoué, las il reste impuissant.
Creusant dans le sable des sillons éternels
Il s’enfonce, aphone, dans les fins grains crissant
Sous le poids douloureux du navire si frêle.

Il attend silencieux, gonflant ses tristes voiles
Qu’un alizé sauveur vienne embrasser son corps.
Il hisse haut, si haut, sous les blanches étoiles
Son pourpre pavillon.

                                         Et il l’attend encore.

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