L’épave (I)

Un ciel sombre et funeste aux nuages gorgés
D’une pluie maussade, acide et désastreuse,
S’abat, triste mais fier, sur la mer enragée
Dont le fort fracas chante une folle berceuse.

Sinistre mais silencieux, le vent glacé s’enfuit,
Emportant avec lui mes chimères maudites,
Doux rêves maladifs aux idéaux détruits
Par des espérances viles et hypocrites.

Quand soudain éclatent le tonnerre rageur,
Les éclairs aveuglants et le cri de l’esquif,
Prisonnier condamné par l’océan ravageur
A mourir étouffé et demeurer captif.

L’eau s’insinue en lui, lentement, lancinante,
Comme l’obscure mensonge infecte ma raison,
Et les planches courbes se tendent, suppliantes,
Luttant, désespérées, contre l’odieux poison.

Le tumulte l’entraine, et dans les profondeurs
Il chavire et s’échoue… Les lourds embruns salés
Ruissellent sur mon corps en gouttes de douleur,
Se mêlant aux larmes de mon cœur exilé…

Le vent souffle, gonfle mes cheveux emmêlés.
Doucement je m’enfonce et les vagues m’emmènent,
Rappellent l’absence, la vérité volée,
Et les mots accrochés à l’encre que je traîne.

Ensablée, entravée, une carcasse git
Ses cotes écorchées par les rochers pointus,
Et l’océan reflue, guidant la nostalgie
A travers les os noirs du bateau abattu.

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